Réfutabilité

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Histoire

Si la réfutabilité est la qualité de pouvoir faire l'objet d'une évaluation conduisant à une réfutation effective, alors elle fait partie de l'histoire de la logique indienne et des techniques grecques de réfutation. Par exemple, le principe modus tollens était connue en Grèce et en Inde déjà à une époque très reculée.[ra 1],[note 1]

En réponse, ou en complément, au positivisme de Claude Bernard, Pierre Duhem remarque en 1906 qu'il n'y a pas d'« expérience cruciale » c'est-à-dire qu'il y a toujours une part d’a priori dans une théorie scientifique. L'expérience ne tranche jamais les a priori. Par conséquent, une théorie scientifique n'a pas à se prononcer sur ces a priori. Au contraire, la scientificité d'une théorie repose sur les seuls énoncés qui tirent leur valeur de l'expérience : « L'accord avec l'expérience est, pour une théorie physique, l'unique critérium de vérité ».

Dans les années 1930, Karl Popper reprend les arguments de Duhem dans une perspective d'opposition avec la théorie vérificationniste de la signification soutenue par le positivisme logique et invente le terme de « réfutabilité » pour qualifier ces énoncés de la théorie qui tirent leur valeur de l'expérience. Il choisit le terme négatif de réfutabilité, plutôt que de vérifiabilité, parce que l'expérience, du fait des a priori qui président à sa conception et qui peuvent être sans cesse réaménagés, ne confirme une théorie que le temps durant lequel ces a priori ne sont pas remis en cause. Donc, tout énoncé vérifié doit être réfutable. C'est une façon de rejeter tous les énoncés qui ne peuvent se confronter à l'expérience, position scientiste opposée à celle du chrétien Pierre Duhem, pour lequel au contraire, les a priori étant inévitables, il y a place pour un discours métaphysique, ne serait-ce que celui de l'épistémologie. Cette conception a eu un très grand impact en histoire des sciences et en philosophie des sciences. Formulée de façon systématique dans un style plus accessible, elle a connu un grand succès populaire.

L'école de pensée qui souligne l'importance de la réfutabilité en tant que principe philosophique est connu sous le nom de « réfutationnisme ». Popper a demandé[réf. nécessaire] qu'en français on emploie les dérivés de réfuter plutôt que ceux de falsifier, qui signifie « cacher la vraie nature des choses ou la contrefaire », mais n'exprime pas (en français, contrairement à l'anglais) la capacité à juger comme faux.

La réfutabilité en son sens général

D'un point de vue général, réfuter (contredire, ou démentir...) une thèse, une opinion, un préjugé, une théorie, , etc., consiste à démontrer qu'elle est fausse, parce qu'elle contient des erreurs, (par exemple, certaines de ses affirmations ne correspondent pas aux faits), ou parce qu'elle est moins apte qu'une autre théorie concurrente à décrire certains faits (incomplétude) : une théorie peut dire plus de choses sur les faits qu'une théorie concurrente sur un objet de recherche commun par l'intermédiaire de mises à l'épreuve plus sévères qu'elle aura subies avec succès.

La réfutabilité en son sens juridique

"En matière juridique, la question de la réfutabilité se pose en particulier au regard de l'application du droit, de sa mise en oeuvre."[3], [4], Frédéric Rouvière.

Vers un sens "scientifique" de la réfutabilité, (la mise à l'épreuve des théories scientifiques)

Le terme de réfutabilité (également désignée à ses débuts par le recours à l'anglicisme falsifiabilité) a été utilisé par Karl Popper, à la suite, notamment de Pierre Duhem, et est tenu pour un concept important de l'épistémologie. Karl Popper a surtout "introduit" le terme de falsifiabilité, lequel n'a pas manqué de susciter des confusions à cause de sa traduction. Une affirmation est dite réfutable (ou "falsifiable", les deux termes voulant dire la même chose dans l'épistémologie de Karl Popper), s'il est possible de réaliser une observation à partir d'une expérience qui, si elle était positive, entrerait en contradiction avec cette affirmation, avec la possibilité consécutive de démontrer ainsi sa fausseté ou son incomplétude.

Réfuter une théorie a donc aussi pour but de mettre en évidence ses limites par rapport à une autre sur sa capacité à correspondre aux faits : il n'est possible d'identifier les limites du contenu empirique d'une théorie, c'est-à-dire, tout son contenu descriptif sur des faits, que sur sa possibilité à être réfutée par des tests[ra 2].

Cependant, et s'agissant d'une quelconque procédure de mise à l'épreuve, ou de mise en doute d'une opinion, thèse, hypothèse, théorie, préjugé, etc., il existe des distinctions notables, entre, d'une part, la portée d'une mise à l'épreuve dans un cadre scientifique, et, d'autre part, celles utilisables dans tout autre cadre. Avec l'appui de la philosophie des sciences, de la connaissance, et de la logique, (mais aussi avec des exemples pris dans l'histoire des sciences[5],[6]), Karl Popper est l'un de ceux qui aura tenté de clarifier tout ce qui peut caractériser une mise à l'épreuve scientifique, via la notion de réfutabilité.

La notion de réfutabilité ne s'applique donc qu'à ce qui relève de la sphère cognitive. Autrement dit, qu'à ce qui concerne toutes tentatives de projets de description formulés par un individu dans le cadre d'une communication à un autre ou à un groupe, parce que, par exemple, aucune science ne peut demeurer muette[7] : "Une connaissance scientifique doit pouvoir être exactement et intégralement transmissible par un discours" [8].

Mais la réfutabilité n'a de sens que par rapport à la recherche de la vérité (absolue)[ra 3],[9], laquelle n'est approchable que par un niveau de vérité relatif : la corroboration ou la réfutation. En effet, s'il est "vrai" qu'une théorie est fausse à l'issue de tests, cette "vérité" ne peut être certaine ; et s'il est "vrai" qu'une théorie correspond à certains faits, ce ne peut être qu'une approximation[ra 4] plus ou moins précise de la vérité, (précision toujours relative aux tests), la certitude demeurant toujours logiquement hors d'atteinte dans les sciences de la Nature.

En somme, la méthode, (hypothético-déductive de contrôle, selon Popper, puisqu'il invalide la méthode inductive)[ra 5], qui peut être inférée de la réfutabilité a pour objectif d'étudier le degré de correspondance avec les faits de certaines théories : dans un domaine authentiquement scientifique, aucune théorie universelle ne devrait, en principe, pouvoir échapper à ce type d'étude, bien qu'aucune théorie de ce genre ne puisse jamais parfaitement correspondre aux faits.

La réfutation représente une solution à la fois du problème de la démarcation et de celui de l'évaluation de la correspondance avec les faits de certaines théories :

  • Une proposition réfutable selon des conditions bien spécifiques, (logique, empirique et méthodologique), toutes nécessaires mais non suffisantes, est réputée être acceptable comme une hypothèse scientifique. Si elle est réfutée elle cesse d'être considérée comme représentant l'état de la connaissance le plus aboutit dans un domaine de recherche particulier. Il suffirait ainsi de trouver un seul individu de Dodo encore en vie pour réfuter l'hypothèse de leur disparition.
  • En revanche, une proposition non réfutable (irréfutable au sens logique) est catégorisée comme méta-physique (ce qui ne signifie pas qu'elle soit illégitime; ainsi en est-il des univers parallèles en 2016[réf. nécessaire]).
  • Par exemple, l'affirmation « tous les corbeaux sont noirs » pourrait être réfutée en observant un corbeau blanc[note 2]. Le cygne noir ne fut d'ailleurs connu que tardivement. (Voir Théorie du cygne noir.)
  • Par opposition, « tous les humains sont mortels » est non réfutable, et donc non scientifique, parce qu'il faudrait attendre un temps infini pour conclure négativement (constater l'existence d'un humain immortel) et que l'observateur, un humain, même s'il observait la mort de tous ses semblables, ne pourrait conclure positivement qu'après sa propre mort. Le fait qu'aucun humain observé n'a vécu plus de 130 ans prouve seulement que « tous les humains actuellement morts étaient mortels ». Voir toutefois l'article Inférence bayésienne.
  • Sur le plan mathématique la réfutabilité est puissante puisqu'un seul contre-exemple suffit à obtenir la négation (ou contradictoire) d'une proposition. Ainsi, la négation de « quel que soit l'objet A, A vérifie une propriété B » est « il existe au moins un objet A ne vérifiant pas B » (et non pas « Aucun objet A ne vérifie la propriété B » dont la négation est « au moins un objet A vérifie la propriété B »). Il suffit alors de trouver un seul objet A ne vérifiant pas la propriété B pour que la proposition faite initialement (« quel que soit l'objet A, A vérifie une propriété B ») soit fausse, et que la propriété contradictoire soit vraie (« il existe au moins un objet A ne vérifiant pas B »).

La réfutabilité (scientifique) selon Karl Popper

Karl Popper nous invite à distinguer une réfutabilité au sens scientifique d'une réfutabilité plus commune utilisée dans la vie courante en dehors de tout cadre scientifique ou pseudo-scientifique.

C'est en comparant l'attitude épistémologique et sociale de certains grands personnages, tels qu'Albert Einstein, Sigmund Freud, Alfred Adler, et Karl Marx, que Karl Popper constata que seul Einstein souhaitait placer les théories qui lui étaient les plus chères au feu du "rationalisme critique", c'est-à-dire à des mises à l'épreuve les plus sévères possibles, via des tests dont la logique, selon Popper, consistait en des tentatives de réfutation. Selon lui, Einstein a soumis volontairement ses théories au risque de la réfutation grâce à des procédures indépendantes et intersubjectives de contrôle, alors que Marx et Freud mirent en oeuvre des procédés rhétoriques, méthodologiques et sociaux pour, soit nier les réfutations, soit les présenter comme des "vérifications", soit encore pour les immuniser contre toute possibilité d'être mises en échec par l'expérience des faits.[10], [11], [12], [13]

C'est pourquoi, l'objectif général de son oeuvre maîtresse, "La logique de la découverte scientifique" est de démarquer aussi rigoureusement et objectivement que possible, (par l'utilisation d'arguments logiques qu'il considère comme valides par rapport, notamment, à ceux du Cercle de Vienne où il fut admis comme "l'opposition officielle"), ce qui relève de la science par rapport à la pseudo-science, à partir du projet du Cercle de Vienne, lequel consistait surtout, d'après Popper[14], à non seulement démarquer la science de la métaphysique, mais aussi, et contrairement à Popper à extirper, sinon même à éliminer toute influence des énoncés métaphysiques dans le travail scientifique. En effet, Karl Popper considérait que beaucoup de sciences ont débuté à partir de "conjectures hardies", métaphysiques, mais que le travail scientifique consiste à les transformer progressivement en énoncés réfutables par l'expérience des faits.[15].

En conséquence, il s'agit pour Karl Popper, via son critère de démarcation, de démontrer en quoi le processus de réfutabilité qu'il démontre et propose, relève d'une réfutabilité "scientifique", laquelle s'oppose donc une réfutabilité pseudo-scientifique.

Pour Karl Popper, la réfutabilité (dans son sens scientifique) ne concerne que la nécessité pour une théorie, si elle veut être empirique, d’être dans un certain rapport logique avec les énoncés de base possibles [16],[ra 6],[ra 7]. Ces dernières possèdent une référence anthropologique à la notion d'observation qui ne saurait être définit formellement[note 3]. Pour Popper, d'un point de vue strictement formel, la réfutabilité est donc un critère portant sur les énoncés de la théorie (nécessairement non contradictoires[ra 8]) et leur relation logique avec d'autres énoncés (certaines étant en contradiction entre-elles[ra 9] et avec celles de la théorie[note 4]). Formellement, il n'y est question que d'énoncés et de leurs relations logiques.

Mais ceci n'est que le point de départ qui permet à Karl Popper de justifier ensuite toute la logique de la découverte scientifique, et par conséquent le caractère éminement objectif, intemporel et même a-historique de l'épistémologie qu'il propose. La démonstration logique de la réfutabilité, donc, la "réfutabilité logique" est la première condition sine qua non, sans laquelle ni la réfutabilité empirique, ni même méthodologique n'auraient de raison d'être, ou de sens dans le travail réel des scientifiques. À ce propos, Renée Bouveresse écrit par exemple : "Le schéma poppérien de l'explication ne sert pas seulement à rendre compte de la science théorique. Il sert aussi à rendre compte des dimensions pratiques de la science, car Popper ne nie pas que la science ait sur le plan pratique la tâche de fournir des prédictions fiables pour guider notre action"[19].

Par contre, même si la réfutabilité n'inclut le caractère empirique des énoncés de base que sous un angle anthropologique et informel[note 3][réf. incomplète], Popper est conscient que ce caractère empirique informel est important et une condition nécessaire à la démarche scientifique qu'il propose. De façon similaire, même si la réfutabilité ne sert qu'à démarquer les théories scientifiques et n'est donc pas un critère pour évaluer la méthode servant à choisir parmi les théories scientifiques, les comparer, etc., Popper est conscient des règles ou conventions qui doivent être respectées afin de bien choisir parmi l'ensemble des théories scientifiques possibles. Par exemple, lorsqu'une théorie est réfutée par une expérience, on ne peut pas savoir rigoureusement quelle partie de la théorie est la cause et on doit choisir suivant certains critères la partie qui doit être remplacée. Dans le même ordre d'idée, Popper reconnaît que des énoncés ou théories non réfutables peuvent jouer un rôle important dans la méthode scientifique en imposant des contraintes sur les théories à considérer. Il propose le nom de programme métaphysique pour ces théories non scientifiques.

Popper reconnaît donc que pour bien définir les théories réfutables, il faut premièrement s'entendre par convention sur les énoncés de base et, après qu'on a rejeté les théories non réfutables, il faut encore s'entendre par convention sur les bonnes méthodes à utiliser pour choisir parmi les théories réfutables.

L'épistémologie de Karl Popper propose des étapes ou des conditions, justifiées en logique, comme toutes chronologiquement[20] nécessaires mais non suffisantes.

Les étapes ou conditions de la réfutabilité (scientifique), d'après Karl Popper[21]

En réalité, il est important de préciser que Karl Popper intitule la section 3 de son oeuvre maîtresse, "La logique de la découverte scientifique" par : "Procédé déductif de mise à l'épreuve (testing) des théories"[22].

Mais ce qu'il propose se situant en début de l'ouvrage, il n'en présente que les aspects généraux non détaillés, lesquels permettent, toutefois, d'avoir un aperçu relativement précis et résumé du thème central de son oeuvre et qui constitue l'un des principaux objectifs épistémologiques de ce livre majeur. Par contre, il annonce qu'il fournit toutes les autres précisions nécessaires, ultérieurement, dans la suite du livre[23], comme du reste pour les autres thèmes abordés, tels que le problème de la base empirique.

Il reste que ce "procédé déductif de mise à l'épreuve des théories", n'est, ni plus ni moins que sa justification et démonstration de ce que l'on peut dénommer ici comme, "la réfutabilité scientifique", (en effet, l'ouvrage ne s'intéresse pas spécifiquement aux problèmes relatifs à la réfutabilité en dehors du cadre des sciences empiriques). Cette expression et l'objectif qu'elle suggère étant eux-mêmes conformes, finalement, à celui de l'ouvrage : mettre en lumière les caractéristiques spécifiques d'une "Logique de la découverte scientifique".

Malgré sa longueur et sa complexité pour le lecteur non initié, il est particulièrement opportun de citer in extenso Karl Popper dans un passage de cette section, où apparait nettement sa préoccupation de définir des étapes chronologiques, nécessaires mais non suffisantes, donc, de la "réfutabilité scientifique" ; ou, comme il l'écrit plutôt, du "procédé déductif de mise à l'épreuve des théories" (page 29, dans la dite section) :

"Nous pouvons, si nous le voulons, distinguer quatre étapes différentes au cours desquelles pourraient être réalisée la mise à l'épreuve d'une théorie. Il y a, tout d'abord, la comparaison logique des conclusions entre elles par laquelle on éprouve la cohérence interne du système. En deuxième lieu s'effectue la recherche de la forme logique de la théorie, qui a pour but de déterminer si celle-ci a les caractéristiques d'une théorie empirique ou scientifique ou si elle est, par exemple tautologique. Il y a, en troisième lieu, la comparaison de la théorie à d'autres théories, dans le but principal de déterminer si elle constituerait un progrès scientifique au cas où elle survivrait à nos divers tests. Enfin, la théorie est mise à l'épreuve en procédant à des applications empiriques des conclusions qui peuvent en être tirées. Le but de cette dernière espèce de test est de découvrir jusqu'à quel point les conséquences nouvelles de la théorie - quelle que puisse être la nouveauté des assertions - font face aux exigences de la pratique, surgies d'expérimentations purement scientifiques ou d'applications techniques concrètes. Ici encore, la procédure consistant à mettre à l'épreuve est déductive. A l'aide d'autres énoncés préalablement acceptés, l'on déduit de la théorie certains énoncés singuliers que nous pouvons appeler "prédictions" et en particulier que nous pouvons facilement contrôler ou réaliser. Parmi ces énoncés, l'on choisi ceux qui ne sont pas déductibles de la théorie en cours été plus spécialement ceux qui sont en contradiction avec elle. Nous essayons ensuite de prendre une décision en faveur (ou ou à l'encontre) de ces énoncés déduits en les comparant aux résultats des applications pratiques et des expérimentations. Si cette décision est positive, c'est-à-dire si les conclusions singulières se révèlent acceptables, ou vérifiées, la théorie a provisoirement réussi son test : nous n'avons pas trouvé de raisons de l'écarter. Mais si la décision est négative ou, en d'autres termes, si les conclusions ont été falsifiées, cette falsification falsifie également la théorie dont elle avait été logiquement déduite. Il faudrait noter ici qu'une décision positive ne peut soutenir la théorie que pour un temps car des décisions négatives peuvent toujours l'éliminer utltérieurement. Tant qu'une théorie résiste à des tests systématiques et rigoureux et qu'une autre ne la remplace pas avantageusement dans le cours de la progression scientifique, nous pouvons dire que cette théorie a "fait ses preuves" ou qu'elle est "corroborée".

Précisions connexes sur la réfutabilité (scientifique) ou "procédé déductif de mise à l'épreuve" (Karl Popper)

La mise à l'épreuve scientifique d'une théorie, ne peut, selon Karl Popper, jamais garantir qu'une corroboration ou une réfutation qui y aboutit puisse être concluante[note 5], c'est-à-dire définitive. Elle ne peut donc jamais être absolue, (ou certaine), mais toujours relative à des tests[ra 10], lesquels sont eux-mêmes relatifs, (et non absolus), à cause de l'insoluble problème concernant l'accès à une définition parfaitement précise de toute mesure empirique [25], ainsi que de l'inévitable mise en jeu de la subjectivité dans tout travail de recherche, fut-il scientifique. Sur ce dernier point, Karl Popper affirme en effet que : "La science est faillible, parce qu'elle est humaine"[note 6].

  • La première condition de la découverte et de la corroboration des lois scientifiques, telle que l'envisage Karl Popper, est donc logique :
Il faut qu'une théorie soit logiquement réfutable, c'est-à-dire qu'elle possède une classe non vide de "falsificateurs virtuels". Autrement dit qu'il soit possible de déterminer à partir du langage dans lequel elle est formulée un ou plusieurs énoncés particuliers (énoncés de base) qui puissent éventuellement la contredire, ou en montrer la fausseté, (totale, ou partielle), ou l'incomplétude de ses pouvoirs de description, mais de façon inédite.
Karl Popper écrit, dans "La logique de la découverte scientifique", qu'une théorie est "empirique", (ce qui veut dire pour lui, "potentiellement empirique", par opposition aux tautologies qui ne peuvent avoir ce potentiel à être réfutée[27], que si l'on peut déduire une sous-classe de falsificateurs virtuels de la théorie. "Virtuels" n'implique pas, évidemment, (puisqu'ils sont décrits comme "virtuels"), qu'ils soient d'emblée reconnus comme "réels" [28], donc "empiriques", ce qui justifie le caractère, de prime abord logique, de la réfutabilité [29],[30].
Ensuite, il qualifie une théorie de falsifiable "dans le seul cas où nous avons accepté des énoncés de base qui sont en contradiction avec elle. Cette condition est nécessaire mais non suffisante"[31]. Cette première étape, logique, n'est donc pas suffisante pour remplir la condition de réfutabilité scientifique, et Popper exige ensuite, non seulement la possibilité, réelle, de faire des tests, mais surtout, un effet reproductible. Il s'agit de l'étape méthodologique de la réfutabilité [31] :
  • Il faut qu'un énoncé de base[32],[33] soit "dans les faits", (empiriquement), possible, (il s'agit de la condition empirique de la réfutabilité scientifique) :
Tout d'abord, il est évident, d'un point de vue logique, que l'on ne peut soumettre un énoncé de base à aucun test empirique si ce dernier ne peut même pas être logiquement inféré d'une théorie universelle, laquelle ne possèderait pas de falsificateurs virtuels, c'est-à-dire, de sous-classe d'énoncés singuliers potentiellement contradictoires avec la théorie : comme nous l'avons vu dans la partie précédente, il faut à la théorie des falsificateurs potentiels, ne serait-ce que "virtuels", c'est-à-dire qui ne sont pas, avant tout test réalisable, reconnaissables comme "réels", ou "empiriques".
Un test doit donc être faisable, techniquement : l'on doit pouvoir recourir à l'observation de certains faits, par l'intermédiaire d'instruments d'observation, de mesure, de quantification, etc. Mais comme pour Karl Popper, toute observation, (y compris or cadre scientifique), est guidée par la théorie [34] il demeure évident que si aucune déduction logique d'aucun énoncé singulier d'observation n'a été possible à partir d'elle, ne serait-ce que d'un point logique, alors, toute observation est empiriquement impossible. Karl Popper précise, dans "La logique de la découverte scientifique", qu'il "ne suit rien d'observable d'un énoncé universel sans conditions initiales". Ce qui veut dire que l'on peut toujours inférer logiquement une sous-classes de falsificateurs virtuels, mais ils ne resteront jamais qu'à l'état de "virtuels", s'il n'est pas possible de définir et d'expérimenter des conditions initiales pour les observer réellement.
En somme, pour qu'une théorie puisse subir des tests empiriques, elle ne peut absolument pas éviter de remplir, en premier lieu, la première condition. Par exemple, de l'énoncé : "tout est de l'eau ou n'est pas de l'eau", il est logiquement impossible de construire une mise à l'épreuve empirique, (via un essai de réfutation), puisqu'aucun énoncé singulier qui soit contradictoire ne peut en être déduit.
La réfutabilité empirique implique, en pratique, que l'on doit pouvoir créer des conditions initiales de testabilité pour contrôler la confirmation ou l'infirmation empirique de l'énoncé de base testé. En cas d'infirmation, la théorie est corroborée, (la mise à l'épreuve à échoué à réfuter la théorie), et en cas de confirmation, elle est réfutée. Puisque toute mise à l'épreuve scientifique implique des conditions initiales de testabilité inédites, une réfutation ou une corroboration à l'issue d'une série de tests aboutit toujours à un accroissement des connaissances, lequel ouvre sur de nouveaux problèmes (K. Popper). En effet, selon Popper, la science débute dans des problèmes et se termine dans d'autres problèmes.
  • Il faut enfin que le test soit reproductible par d'autres chercheurs, afin de démontrer l'aspect non accidentel et aussi détaché que possible de toute subjectivité liée aux expérimentateurs, comme certaines erreurs dans la manipulation des conditions initiales, ou même des tricheries[35],[36]. Cette étape est méthodologique de la réfutabilité :
Karl Popper soutient que sa démarche doit respecter des conventions méthodologique[ra 11]. Cependant, puisqu'il est rigoureusement impossible de définir a priori ou a posteriori par rapport à un test, des conditions initiales avec n'importe quel degré de précision souhaité, il reste qu'aucun test scientifique ne peut jamais être suffisant pour décider avec certitude qu'une réfutation ou une corroboration soit concluante dans le sens où elle apporterait une vérité absolue et définitive, (l'accès à la définition de toute mesure empirique qui serait parfaitement précise étant, à jamais, totalement impossible[ra 12]). Il ne peut donc jamais y avoir de prétendu accès à la certitude dans aucun résultat véritablement scientifique, ni plus généralement dans aucune connaissance relative à la Nature, nature humaine comprise.

Imprécision relative aux tests et aux résultats scientifiques consécutifs, et heuristique

L'inévitable imprécision des résultats des tests, donc leur corrélative faillibilité alliée au fait qu'il est tout aussi impossible d'éviter complètement l'introduction d'éléments de subjectivité, rend le travail scientifique, (et les résultats qu'il produit), toujours critiquable, donc toujours potentiellement renouvelable ou heuristique : puisque tout test scientifique est imparfait ou "imprécis", il est toujours envisageable de supposer l'existence d'erreurs dont la résolution serait source de découverte d'un accroissement des connaissances. En outre, cette imperfection inhérente à tout test scientifique peut constituer cette part de l'inconnu qui soit éventuellement connaissable par la mise à l'essai de nouvelles conditions initiales.

L'univers de la vraie science ne peut donc être un univers clos, mais "ouvert". Il ne peut reposer sur des bases solides, (ou "ultimes". Karl Popper), mais « sur des pilotis toujours mieux enfoncés dans la vase »[note 7]. Et une science comprise au sens de Karl Popper ne peut jamais être "vraie" (au sens de la vérité certaine), mais toujours incomplète, imprécise, non suffisante, donc "fausse" par rapport à la vérité certaine, laquelle demeure pour Karl Popper une "idée directrice" et métaphysique mais également nécessaire pour les progrès de la recherche scientifique.

C'est la raison essentielle selon laquelle, le "jeu de la science" est logiquement sans fin[note 7].

Condition méthodologique de la réfutabilité scientifique selon Karl Popper et dimension sociale de la preuve

S'ajoute à la condition méthodologique le fait qu'un test ne peut être reconnu comme "scientifique" « que s'il est déductible d'une tradition de recherche déjà reconnue comme scientifique par des institutions », (et encadrée par ces dernières), d'une part, et, d'autre part, que si les expérimentateurs ont eux-mêmes des compétences reconnues et contrôlées par de telles institutions.

Il reste enfin que quelle que soit la valeur d'une réfutation ou d'une corroboration, ce sont, in fine, toujours la communauté des chercheurs qui prend la "décision méthodologique"[37] d'accepter ou de rejeter les résultats des tests, après discussion critique sur la validité des méthodes ainsi que leur usage qui ont mené aux résultats.

Une bonne démarche scientifique est en somme, selon Karl Popper, toujours le fruit d'un travail collégial et contrôlé, lequel ne devrait, en principe, jamais échapper à ce qu'il nomme, "le rationalisme critique". Il s'ensuit que la science ne procède donc jamais d'un travail isolé ou privé, voire d'un groupe d'individus qui ne pourrait justifier que leur démarche soit inscrite dans une tradition qui les précède, (y compris depuis les prémisses de leur activité, c'est-à-dire les premières conjectures métaphysiques constitutives des engagements ontologiques ayant permis de fonder leur projet "scientifique"), et en l'absence d'une divulgation de leurs méthodes.

Réfutationnisme

L'objectif du réfutationnisme est d'arriver à un processus évolutionniste par lequel les théories deviennent moins mauvaises. Le processus de réfutation des propositions dérivées d'une théorie permet de définir pour chaque théorie un contenu de vérité ou vérisimilitude qui permet, à défaut de classer les théories entre fausses (ce qu'elles ne sont jamais que plus ou moins) ou vraies (ce qu'elles ne sont jamais par définition), d'avoir un critère permettant de les ordonner.

On peut alors dire qu'une meilleure théorie est une théorie qui a une meilleure puissance explicative (c'est-à-dire qu'elle est plus compatible avec les faits d'observation que les précédentes), et qui apporte plus de possibilités pour sa propre réfutation.

Le critère de démarcation

En philosophie des sciences, le vérificationnisme affirme qu'un énoncé doit être empiriquement vérifiable pour être à la fois signifiant et scientifique. Popper relève que les penseurs du positivisme logique ont mélangé deux problèmes, celui du sens et celui de la démarcation. Il s'oppose à cette vue en affirmant qu'il y a des théories signifiantes qui ne sont pas scientifiques.

Popper utilise la réfutation comme critère de démarcation entre les théories scientifiques et les théories non scientifiques. Il est utile de savoir si un énoncé ou une théorie est réfutable, ne serait-ce que pour comprendre la manière d'estimer la valeur de la théorie. On peut ainsi s'épargner la peine de tenter de réfuter une théorie non scientifique.

Le critère de Popper exclut du champ de la science non les énoncés mais seulement les théories complètes qui ne contiennent aucun énoncé réfutable. Il n'aborde toutefois pas le problème Duhemien du holisme épistémologique de savoir ce qui constitue une « théorie complète »[réf. nécessaire].

Popper s’est strictement opposé au point de vue selon lequel les énoncés ou théories non réfutables seraient non signifiantes ou même fausses et affirma que le réfutationnisme ne l'implique aucunement[ra 13].

Critiques

Les critiques de Popper portent sur la pertinence historique et/ou prescriptive du réfutationnisme mais pas sur le concept même[réf. nécessaire].

Notion de réfutabilité naïve

Les problèmes liés à l'application de la réfutabilité ont été exposés par Thomas Samuel Kuhn, et traités par Imre Lakatos. On peut trouver un exposé d'ensemble des éléments montrant l'inconsistance de la notion de réfutabilité par exemple chez Alan Chalmers[38]. Popper a attiré l'attention sur ces limitations dans La Logique de la découverte scientifique en réponse aux critiques de Pierre Duhem. Popper estime qu'il s'agit de ce point de vue de « réfutabilité naïve », mais ses réponses aux problèmes soulevés n'ont pas satisfait ses critiques comme Chalmers, Kuhn et même Lakatos.

Dans la réalité, on ne considère pas une proposition isolée mais un ensemble de prémisses et de propositions dérivées qui constituent une théorie. Certaines de ces propositions peuvent être réfutables et d'autres non. Une théorie est scientifique si elle comporte au moins une proposition réfutable. L'idée selon laquelle la réfutation d'une proposition d'une théorie réfute cette théorie est dite naïve parce que :

  • Il est toujours possible d'ajouter à la théorie une proposition ad-hoc pour prendre en compte l'observation.
  • Il est possible, la plupart du temps, de modifier la proposition réfutée dans un sens qui permet à la fois de prendre en compte l'observation et d'imaginer d'autres possibilités de réfutation. C'est même une des principales techniques par lesquelles progresse la recherche scientifique.
  • L'observateur peut avoir fait une erreur (le corbeau blanc était en fait noir), ou l'imprécision des mesures suffit à rendre compte du résultat.
  • Les prémisses de l'expérience peuvent être fausses (le corbeau blanc n'était pas un corbeau).
  • Toute observation doit s'appuyer sur une ou des théories scientifiques, par exemple pour le fonctionnement des instruments de mesure. En tant que telles elles sont donc réfutables. L'observation peut donc être due à la fausseté d'une autre théorie que celle testée.
  • Il peut ne pas exister de théorie alternative.

Il résulte de ces considérations que cette vision naïve[réf. nécessaire] de la réfutabilité est un critère inopérant qui ne permet pas de décrire le processus réel de la découverte scientifique.

Chalmers

La notion de réfutabilité suppose ce que Popper note une « base empirique », autrement dit des énoncés d'observation susceptibles de démontrer la fausseté d'une thèse. Or, comme le remarque Popper lui-même, il n'existe pas d'observation pure de toute théorie, ce qui revient à dire qu'une observation censée réfuter une théorie peut être fausse ou inappropriée (par exemple, l'observation à l'œil nu que Vénus a toujours la même taille était censée réfuter la théorie de Copernic). Selon le philosophe des sciences Alan Chalmers, cela conduit à la conclusion qu'il n'y a pas de réfutation concluante et que la notion de réfutabilité ne nous apprend rien sur l'histoire réelle des découvertes scientifiques.

Kuhn et Lakatos

Dans The Structure of Scientific Revolutions, Thomas Kuhn a examiné en détail l'histoire des sciences. Kuhn affirme que les scientifiques travaillent à l'intérieur d'un paradigme conceptuel qui influence fortement la façon dont ils voient les faits. Les scientifiques sont prêts à se battre pour défendre leur paradigme contre la réfutation, en ajoutant autant d'hypothèses ad-hoc que nécessaire aux théories existantes. Changer de paradigme est difficile parce que cela nécessite qu'un individu rompe avec ses pairs et défende une théorie hétérodoxe.

Certains réfutationnistes virent le travail de Kuhn comme une attaque, car il apporte une preuve historique que la science progresse en rejetant les théories inadéquates, et que c'est la décision des scientifiques d'accepter ou de refuser une théorie qui est l'élément crucial.

Il demeure que le reproche essentiel fait par Kuhn à Popper est que les théories scientifiques ne peuvent être réfutées selon la méthode du rationalisme critique défendue par Popper, étant donné qu'elles seraient "incommensurables". Karl Popper a répondu à cette critique, notamment dans un article intitulé "Le mythe du cadre de référence"[ra 14]. Il argumente sur le fait qu'il est toujours possible de comparer au moins logiquement deux systèmes théoriques par rapport à leurs conséquences logiques, d'une part, et, d'autre part, à leurs conséquences empiriques, et qu'ensuite la question est de savoir s'il est possible d'envisager des tests permettant de départager deux systèmes théoriques concurrents à l'aune de leurs conséquences testables, sachant que c'est le système qui comporterait le moins de conséquences inacceptables qui, par "décision méthodologique", serait préférable ou "accepté", après discussion, par une communauté de chercheurs.

Imre Lakatos tenta d'expliquer le travail de Popper en affirmant que la science progresse par des réfutations au sein de programmes de recherche plutôt que par de grandes "expériences cruciales de falsification" entre deux programmes de recherche. Suivant l'approche de Lakatos, un scientifique travaille dans le contexte d'un programme de recherche qui correspond grossièrement à ce que Kuhn appelle un paradigme. Alors que Popper considère les hypothèses ad hoc comme non scientifiques, Lakatos les accepte dans le développement de nouvelles théories.

Par ailleurs, dans son livre "Histoire et méthodologie des sciences" (Editions PUF, Paris, 1994), Imre Lakatos prend la défense du programme de recherche de Karl Popper contre celui de Kuhn, en affirmant que ce dernier n'est pas recevable pour comprendre l'évolution du savoir scientifique dans la mesure où Kuhn défend l'idée d'un changement irrationnel des paradigmes scientifiques, du fait de leur incommensurabilité. En outre, l'une des principales critiques formulées par Lakatos à l'encontre de Popper est qu'il n'y aurait pas de "grandes expériences cruciales" de falsification (de réfutation) entre deux programmes de recherches concurrents, contrairement à ce qu'affirme Karl Popper, mais qu'un programme de recherche en supplanterait un autre par le fait que son heuristique positive supporterait mieux que l'autre le "modus tollens", (le choc des mises à l'épreuve expérimentale), par le biais de ses hypothèses auxiliaires. Ou, selon les termes de Lakatos, un programme de recherche scientifique finirait par être "réfuté", parce que son heuristique positive entrerait en "dégénérescence" : elle deviendrait progressivement incapable de produire des hypothèses inédites, riches en contenu, et qui soient susceptibles d'être testées et corroborées[ra 15][41].

Au sujet des "expériences cruciales de falsification" dont l'existence est contestée par Imre Lakatos mais affirmée et exemplifié par Karl Popper, notamment dans son ouvrage "Le réalisme et la science"[ra 16] ; l'un de ses disciples, Carl Hempel, soutient, en argumentant à partir d'exemples tels que ceux de Foucault, Fresnel et Young, (sur la nature de la lumière) ; Einstein, Lenard, Maxwell et Hertz, (sur la théorie des quantas), et Galilée, que : "(...) deux hypothèses étant données, les tester de la façon la plus minutieuse et la plus étendue ne peut permettre de rejeter l'une et de prouver l'autre : ainsi, une expérience cruciale, stricto sensu, est impossible en science. Mais, en un sens large et pour la commodité, une expérience comme celle de Foucault ou celle de Lenard peut être dite cruciale : elle peut révéler que, de deux théories opposées, l'une est sérieusement inadéquate"[42]. Cependant, Karl Popper a toujours défendu la thèse selon laquelle aucune réfutation ni même aucune corroboration ne pouvait être parfaitement précise donc définitive ou absolue en science, ce qui revient à dire "cruciale", "stricto sensu". Il écrit, par exemple, dans "Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance" : "La série des tentatives de falsification d'une théorie est par principe illimitée. (Il n'y a pas de tentative de falsification qui se distinguerait en ceci qu'elle serait la dernière".[ra 17]

Popper soutient l'existence d'expériences cruciales dans l'histoire des sciences, parce que les scientifiques doivent prendre des "décisions méthodologiques"[ra 18] pour décider du caractère concluant, (mais relatif), d'une réfutation ou d'une corroboration, (et ainsi faire progresser le savoir scientifique), mais toujours en acceptant l'inévitable faillibilité de tout type de test scientifique : une théorie n'est "rejetée (réfutée) ou "prouvée" (corroborée) que sur la seule base toujours potentiellement discutable et relativement imprécise de tests dont les résultats sont finalement acceptés par une communauté de scientifiques. Il est impossible de définir aussi loin que l'on souhaite la minutie ou l'étendue d'un test, ou d'une série de tests, pour des raisons logiques démontrées par Popper[ra 12]. Pour Karl Popper cela signifie que jamais une théorie scientifique est réfutée ou corroborée "stricto sensu" ou de manière absolue, bien qu'il soit possible d'affirmer qu'une théorie en réfute une précédente grâce à des tests démontrant ses pouvoirs de description et d'explication plus riches en contenu comme ce fut le cas, par exemple, pour la théorie d'Albert Einstein par rapport à celle d'Isaac Newton. Enfin, et en réponse à une autre critique formulée par Thomas Kuhn, Karl Popper écrit que : "(...) En ce qui concerne aussi bien la falsifiabilité que l'impossibilité d'une preuve concluante de la falsification d'une hypothèse, ainsi que le rôle qu'ont joué les réfutations dans l'histoire des sciences et singulièrement celle des révolutions scientifiques, il ne m'apparaît pas qu'il existe, entre Kuhn et moi, la moindre différence significative"[ra 19].

Feyerabend

Paul Feyerabend considère que le travail de Kuhn montre que ce sont des facteurs sociaux, plutôt que l'adhésion à une méthode rationnelle, qui décident quelles théories sont généralement acceptées. Kuhn conteste ce point de vue.

Feyerabend a choisi[note 8] d'exposer un point de vue radical, souvent qualifié de point de vue extrémiste, consistant à rejeter toute méthodologie prescriptive. Selon lui, la science a historiquement progressé en faisant usage de toutes les méthodes disponibles pour imposer une théorie ou une autre et si on tient à établir une règle méthodologique universellement valide, la seule qui est susceptible de convenir est l'anarchisme épistémologique ou dadaïsme désigné encore par la formule « tout est bon ».

Sokal et Bricmont

Dans Impostures intellectuelles, les physiciens Alan Sokal et Jean Bricmont critiquent le réfutationnisme parce qu'il ne décrit pas la façon dont fonctionne la science. Ils affirment que les théories sont utilisées à cause de leurs succès, pas à cause des échecs de leurs concurrentes. Selon eux, les scientifiques considèrent qu'une théorie qui résiste à la réfutation est confirmée alors que Popper a toujours été opposé à la notion de confirmation ou même de probabilité d'une théorie[réf. nécessaire] des positivistes logiques comme Carnap.

Passeron

Jean-Claude Passeron soutient, dans son ouvrage Le Raisonnement sociologique, que « la mise à l'épreuve empirique d'une proposition théorique ne peut jamais revêtir en sociologie la forme logique de la réfutation (« falsification ») au sens poppérien »[ra 20]. Il n'attaque donc pas le critère de réfutabilité en tant que tel, mais son applicabilité aux sciences sociales. Passeron estime que « l'universalité des propositions les plus générales de la sociologie est au mieux une "universalité numérique", jamais une "universalité logique au sens strict", selon la distinction poppérienne des deux sens logiques du "tous" employé dans les propositions universelles »[ra 21].

Passeron refuse de considérer la réfutabilité comme la seule forme possible d'épreuve empirique, qui mettrait la sociologie devant le dilemme poppérien, mortel pour sa scientificité, entre réfutabilité et exemplification. Il appelle à une revalorisation de l'exemplification empirique telle qu'elle est produite dans le cadre des méthodologies des sciences sociales[note 9].

Évolution

Karl Popper considérait initialement que la sélection naturelle n’était pas testable[45],[46], mais s'est plus tard rétracté : « J'ai changé de point de vue sur la testabilité et le statut logique de la théorie de la sélection naturelle, et je suis heureux d'avoir l'opportunité de présenter une rétractation[47]. » Dès lors, des moyens potentiels (indirects) de réfuter une ascendance commune ont été proposées par ses partisans. J. B. S. Haldane, lorsqu'on lui a demandé quelle preuve hypothétique pourrait réfuter l'évolution, a répondu : « des lapins fossiles à l'ère précambrienne »[48],[note 10].

Notes et références

Notes

  1. Boyer 1999[2], p.958 : "Les Grecs inventèrent plusieurs techniques de réfutation : modus tollens, preuve par l'absurde, régression à l’infini. Ces techniques étaient avant tout dialogiques : dialoguer, c'est discuter une thèse, l'un cherchant a la défendre, l'autre a la réfuter. L’idée de réfutation par des contre-exemples est familière a tout lecteur des dialogues socratiques."
  2. Voir sur ce sujet le paradoxe de Hempel
  3. a et b Boyer 1999, p. 960: La relation de réfutabilité est une relation logique entre des énoncés, mais elle comprend une référence anthropologique à la notion d'observation, qui ne saurait être définit formellement.
  4. Peu importe la théorie, on peut toujours construire des énoncés qui la contredisent. La réfutabilité demande que parmi ces énoncés, on trouve des énoncés de base.
  5. Popper 1990, p. 3-4: "J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934), (...), qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. (...). Il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc (...) ; "On ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante"."
  6. Popper 1979[26], p. 190 : "C'est une illusion de croire à la certitude scientifique et à l'autorité absolue de la science ; la science est faillible parce qu'elle est humaine. Mais cela ne donne pas raison au scepticisme ni au relativisme. Nous pouvons nous tromper, certes ; il n'en résulte pas que le choix que nous faisons entre plusieurs théories est arbitraire, que nous ne pouvons apprendre, et nous rapprocher de la vérité".
  7. a et b Popper 1973, Chapitre 2, section 11, pages : 51: "Le jeu de la science est en principe sans fin. Celui-là se retire du jeu qui décide un jour que les énoncés scientifiques ne requièrent pas de test ultérieur et peuvent être considérés comme définitivement vérifiés".
  8. Contre la méthode devait initialement être un dialogue entre Feyerabend et Lakatos qui aurait présenté l'éventail complet des points de vue possibles. Avec la mort de Lakatos Feyerabend décida de continuer la rédaction du seul point de vue anti-réfutationniste qui lui était initialement échu.
  9. Passeron 2006, p. 594, proposition 3.3. : « L'exemplification ne se réduit pas à l'univers amorphe des constats empiriques de valeur probatoire nulle, dont le modèle poppérien ne peut donner qu'une description négative, puisqu'il la constitue seulement comme classe complémentaire de la classe des opérations "falsificatrices" qui sont possibles et nécessaires dans les sciences expérimentales. »
  10. Citation originale : « Fossil rabbits in the Precambrian era. ».Voir l'article détaillé (en anglais) concernant cette citation : Precambrian rabbit.

Références abrégées

  1. Brendan 2016[1], sec. 3.1
  2. Popper 1973, Contenu empirique, implication nécessaire et degrés de falsifiabilité. Page : 120.
  3. Popper 1991, pages : 98 - 115. (Remarques sur la vérité).
  4. Popper 1991, pages : 101 - 103.
  5. Popper 1973, Chapitre 1, pages : 23 - 27.
  6. Popper 1990[17], Introduction, sec. I.
  7. Popper 1991[18], [réf. incomplète]
  8. Popper 1973, Sec. 24
  9. Popper 1973, Sec. 21, 2e paragraphe
  10. Popper 1973[24], page : 286-287.
  11. Popper 1999, p. 411
  12. a et b Popper 1973, Section 47 : "Domaines logiques. Notes sur la théorie des mesures", page : 124.
  13. Popper 1973, section 6, note 3
  14. Popper 1981[39],
  15. Lakatos 1994[40], pages: 62 - 127
  16. Popper 1990, p. 8-11
  17. Popper 1999[43], page : 396.
  18. Popper 1999, p. 396
  19. Popper 1990, p. 14
  20. Passeron 2006[44], page 542, proposition 3.
  21. Passeron 2006, p. 576, proposition 3.1.1.

Références

  1. (en) Gillon, Brendan. "Logic in Classical Indian Philosophy". The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Fall 2016 Edition). Edward N. Zalta (ed.). https://plato.stanford.edu/archives/fall2016/entries/logic-india/
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  3. In : Hassan Abdelhamid et Ghislain Otis. "Méthodologie du pluralisme juridique". Editions Khartala, octobre 2012, page : 100.
  4. In : Frédéric Rouvière. "Karl Popper chez les juristes: peut-on falsifier un concept juridique?".
  5. In : Kar Popper. "Le réalisme et la science". Post-scriptum à La logique de la découverte scientifique, 1. Edition établie et annotée par W.W. Bartley III. Traduction de Alain Boyer et Daniel Andler. Editions Hermann. Paris, 1990, pages : 8 - 11.
  6. In : Elie G. Zahar. Colloque de Cerisy. Karl Popper et la science d'aujourd'hui. "La controverse Lakatos-Popper". "Exemples de découvertes scientifiques". Edition Aubier, Paris, 1989, page : 189 - 197.
  7. In : Gilles Gaston Granger. Colloque de Cerisy, Karl Popper et la science d'aujourd'hui. "Peut-on assigner des frontières à la connaissance scientifique ?" Editions Aubier, Paris, 1989, page : 53. "Il n'est de connaissance scientifique, en effet, qu'exprimable dans un système symbolique, transmissible par un langage, par opposition à certaines connaissances essentiellement imitatives et qui relèvent, en un sens élargi, de l'art".
  8. In : Alain Boyer. "Introduction à la lecture de Karl Popper". Editions Presses de l'École Normale Supérieure, Paris, 1994. Page : 37. Gilles Gaston Grangé, l'Explication dans les sciences, page : 148.
  9. In : Elie G. Zahar. Colloque de Cerisy. Karl Popper et la science d'aujourd'hui. "La controverse Lakatos-Popper". Editions Aubier, Paris, page : 180. "Popper, qui reconnaît sa dette envers Tarski, affirme que la rechereche de la vérité constitue le but essentiel de la science. Une hypothèse ayant succombé à une épreuve empirique est rejetée parce qu'elle est fausse, c'est-à-dire parce qu'elle ne correspond pas aux faits ; et l'on a une raison valable de croire une hypothèse fausse dans la mesure où un énoncé de base peut être reconnu comme vrai".
  10. In : Karl Popper. "La quête inachevée". Editions Agora, Pocket, Paris, 1981, chapitre 8 : "Une année cruciale : marxisme, science et pseudo-science". Pages : 40 - 49.
  11. In : Karl Popper. "Le réalisme et la science". Post scriptum à La logique de la découverte scientifique. Traduction d'Alain Boyer et de Daniel Andler. Editions Hermann, Paris, 1990,. Chapitre 2 : "La démarcation". Section 18 : "Un exemple de vérificationnisme", pages : 181 - 191.
  12. In : Karl Popper. "Conjectures et réfutations. La croissance du savoir scientifique". Editions Payot, Paris, 1985. Traduit par Michelle-Irène et Marc B. de Launay. Chapitre 1. "La science : conjectures et réfutations". Pages : 60 - 65.
  13. In : Sigmund Freud. "Introduction à la psychanalyse". Editions Petite bibliothèque Payot. Paris, 1981, pages : 7 - 9. "« La conversation qui constitue le traitement psychanalytique ne supporte pas d'auditeurs ; elle ne se prête pas à la démonstration. On peut naturellement, au cours d'une leçon de psychiatrie, présenter aux élèves un neurasthénique ou un hystérique qui exprimera ses plaintes et racontera ses symptômes. Mais ce sera tout. Quant aux renseignements dont l'analyste a besoin, le malade ne les donnera que s'il éprouve pour le médecin une affinité de sentiment particulière ; il se taira, dès qu'il s'apercevra de la présence ne serait-ce que d'un seul témoin indifférent. C'est que ces renseignements se rapportent à ce qu'il y ce qu’il y a de plus intime dans la vie psychique du malade, à tout ce qu'il doit, en tant que personne sociale autonome, cacher aux autres et, enfin, à tout ce qu'il ne veut pas avouer à lui-même, en tant que personne ayant conscience de son unité. Vous ne pouvez donc pas assister en auditeurs à un traitement psychanalytique. Vous pouvez seulement en entendre parler et, au sens le plus rigoureux du mot, vous ne pourrez connaître la psychanalyse que par ouï- dire. Le fait de ne pouvoir obtenir que des renseignements, pour ainsi dire, de seconde main, vous crée des conditions inaccoutumées pour la formation d'un jugement. Tout dépend en grande partie du degré de confiance que vous inspire celui qui vous renseigne. » (In : Sigmund Freud. « Introduction à la psychanalyse ».
  14. In : Karl Popper. "La quête inachevée". Editions Agora, Pocket, Paris, 1981, page : 108. "Il m'apparaissait clairement que tous ces gens cherchaient un critère de démarcation non pas tant entre la science et la pseudo-science qu'entre la science et la métaphysique. Je voyais bien aussi que mon critère de démarcation était meilleur que le leur. En premier lieu, ils essayaient de trouver un critère qui ferait de la métaphysique une ineptie dépourvue de sens, un véritable charabia, et tout critère de ce genre devait inévitablement se heurter à un problème, car les idées métaphysiques sont souvent des anticipations des idées scientifiques".
  15. In : Karl Popper. "Conjectures et réfutations. La croissance du savoir scientifique". Traduction de Michelle-Irène et de Marc B. de Launay. Editions Payot, Paris, 1985. Chapitre 8 : "Le statut de la science et de la métaphysique", pages : 276 - 299".
  16. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973. Section 22 : Falsifiabilité et falsification, page : 85. "La nécessité d'une hypothèse d'être empirique et par là falsifiable signifie seulement qu'elle doit être dans un certain rapport logique avec les énoncés de base possibles. Cette condition concerne donc la seule forme logique de l'hypothèse. "Nous disons qu'une théorie est falsifiable dans le seul cas où nous avons accepté des énoncés de base qui sont en contradiction avec elle. Cette condition est nécessaire mais non suffisante. (...). Nous ne la considérons falsifiée que si nous découvrons un effet reproductible qui la réfute. La condition annexe qui requiert la corroboration de l'hypothèse fait référence à des tests qu'elle devrait avoir passés, tests qui la confrontent à des énoncés de base acceptés."
  17. Karl Popper. "Le réalisme et la science". Traduit de l'anglais par Alain Boyer et Daniel Andler. Editions Hermann, Paris 1990
  18. Karl Popper. "La connaissance objective". Éditions Aubier, 1991
  19. In : Renée Bouveresse. "Karl Popper ou le rationalisme critique". Editions Vrin, Paris 1998, page : 73.
  20. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973. Pages : 29 - 30.
  21. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, pages : 29 - 30.
  22. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, pages : 29 - 30.
  23. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, page : 30.
  24. Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Traduit de l'anglais par Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux. Préface de Jacques Monod, Prix Nobel. Editions Payot, 480 pages, Paris, 1973
  25. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973. Section 37 : "Domaines logiques. Notes sur la théorie des mesures", pages : 124 - 126.
  26. Karl Popper. "La société ouverte et ses ennemis". Editions du Seuil, Paris, 1979. Tome 2 : "Hegel et Marx".
  27. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973. Page : 83.
  28. In : Karl Popper. "Le réalisme et la science". Traduction de Alain Boyer, et Daniel Andler. Editions Hermann, Paris, 1990, page : 2. ""Un énoncé, ou une théorie, est, selon mon critère, falsifiable si et seulement s'il en existe au moins un falsificateur potentiel, autrement dit un énoncé de base possible qui soit en contradiction logique avec lui. Il est important de ne pas exiger que l'énoncé de base soit vrai. La classe des énoncés de base est qualifiée de telle manière qu'un énoncé de base décrit un événement logiquement possible, dont l'observation est aussi logiquement possible".
  29. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, page : 84.
  30. In : Karl Popper. "Le réalisme et la science". Traduction de Alain Boyer et Daniel Andler. Editions Hermann, Paris, 1990, pages : 2 - 4.
  31. a et b in : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, page : 85.
  32. In : Renée Bouveresse. "Le rationalisme critique de Karl Popper". Editions Ellipses, Paris, 2000, page : 28. "Un énoncé de base est pour Popper un énoncé empirique capable de servir de prémisse à une réfutation. Il peut contredire une loi, mais il ne peut être déduit d'une loi sans conditions initiales".
  33. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973, pages : 100 - 103.
  34. In : Karl Popper. "La logique de la découverte scientifique". Editions Payot, Paris, 1973. Pages : 286 - 287.
  35. https://www.universalis.fr/encyclopedie/fraude-scientifique/
  36. http://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/201709/12/01-5132442-les-tricheurs-de-la-science.php
  37. In : Erik Oger. Colloque de Cerisy. Karl Popper et la science d'aujourd'hui. "La relation entre méthodologie et métaphysique chez Popper". Editions Aubier, Paris, 1989, pages : 103 - 107.
  38. Alan Chalmers, Qu'est-ce que la science. (ISBN 978-2-25305-506-8)
  39. Karl Popper (1981). "Le mythe du cadre de référence". In Karl Popper et la science d'aujourd'hui. Colloque de Cerisy. Editions Aubier, Paris, 1989. pages : 33 - 35
  40. Imre Lakatos. "Histoire et méthodologie des sciences". Editions PUF. Paris, 1994
  41. In : Elie G. Zahar. Colloque de Cerisy. Karl Popper et la science d'aujourd'hui. "La controverse Lakatos-Popper". 1. "Conventionnalisme et falsification". Editions Aubier, Paris, 1989, page : 173. "A l'opposé de Popper qui veut que les théories soient falsifiables, Lakatos maintient qu'aucune hypothèse scientifique digne de ce nom n'a pu être infirmée par l'expérience ; que ce sont au contraire les confirmations dramatiques qui ont décidé du sort des programmes de recherche. Un programme qui reste à la remorque des faits dégénère par rapport à un autre qui les anticipe".
  42. In : Car Hempel. "Éléments d'épistémologie". Editions Armand Colin, Paris, 2002, pages : 39 - 43.
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  45. Sophie Lannes et Boyer Alain, « Les chemins de la verite: L’Express va plus loin avec Karl Popper », L'Express,‎ ;
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Articles connexes